Comment lutter contre l’anxiété face à l’épidémie de coronavirus ?

“Le fait d’être assailli d’informations que nous ne savons pas toujours interpréter conduit à une augmentation de la confusion et donc de l’anxiété”, clarifie la psychiatre. D’autant plus que selon elle, il n’existe pas de juste milieu sur la Toile : “les personnes sont soit très détachées, soit très paniquées”.

Dr Christine Barois, psychiatre

L’inquiétude face au Covid-19 en France se propage presque plus rapidement que le virus lui-même. Méditation, détox numérique… comment ne pas céder à la panique ? On fait le point avec le Dr Christine Barois, psychiatre.

anxiété face au covid

  • D’où provient l’anxiété liée au coronavirus ?
  • Optez pour la détox numérique
  • Identifiez votre peur pour mieux l’appréhender
  • Méditez pour vous recentrer sur l’essentiel

La menace d’une épidémie de coronavirus semble de plus en plus concrète dans l’Hexagone. “Il y a un phénomène de peur qui s’installe”, constate le Dr Christine Barois, psychiatre. En témoigne un sondage réalisé le 28 février dans lequel 61% des Français se disent inquiets face à l’épidémie de Covid-19. 42 % d’entre eux seraient même “plutôt” inquiets et 19 % le sont “tout à fait”. Selon l’organisme de sondages, il s’agit du plus haut niveau d’inquiétude observé dans le cadre d’une crise sanitaire en France au cours de ces quinze dernières années. Malheureusement la progression quotidienne des cas depuis ce sondage ne risque pas de changer la donne.  

Pour réduire les risques de contamination, les autorités sanitaires recommandent d’appliquer les mesures habituelles en cas d’épidémie, à savoir se laver les mains, tousser ou éternuer dans son coude, utiliser des mouchoirs à usage unique, ne pas toucher son visage avec des mains et éviter les poignées de mains ou les embrassades. Cependant aucune de ces mesures ne permet d’alléger son esprit. Comment gérer l’anxiété induite par la peur d’une infection potentielle ? Le Dr Christine Barois nous éclaire. 

D’où provient l’anxiété liée au coronavirus ?

“L’anxiété, c’est anticiper de manière négative quelque chose qui ne s’est pas encore produit et ne va peut-être même pas se produire”, rappelle la psychiatre. En somme, face à une incertitude, nous envisageons immédiatement le pire scénario. “C’est un peu comme transpirer avant d’avoir chaud”, illustre-t-elle. En effet, certaines personnes ont tendance à se laisser envahir par des pensées négatives. “Mais dans des situations comme celle que nous connaissons, il est tout à fait compréhensible de se sentir stressé, anxieux ou bouleversé”, indique Christine Barois. 

Pourtant, les études scientifiques sont formelles : le coronavirus auquel nous sommes actuellement confrontés provoque des symptômes bénins dans la plupart des cas. Environ 80 % des malades guériraient sans avoir besoin de traitement particulier. Pourquoi donc tant d’inquiétudes ? Selon l’experte, certaines réactions s’expliquent par la perte de repères et de confort induite par le virus. Le fait d’être confronté à des rayons de supermarché vides ou des pénuries de produits hydro-alcooliques en pharmacie génère “des comportements de panique généralisée”. “Les gens paniquent car ils ont peur d’être contaminés, peur de mourir, peur de perdre quelqu’un ou quelque chose”, analyse-t-elle.

La dimension collective a aussi son importance. “Il s’agit d’une perte de repères sociaux au sein d’un groupe. Face aux réactions inhabituelles de certains individus qui sortent du cadre, nous sommes impactés. C’est une réaction tout à fait naturelle. On parle alors d’anomie“, précise Christine Barois. Concrètement, le fait de voir certaines personnes dévaliser les stocks de pâtes ou de riz dans les magasins nous pousse à faire de même. 

Optez pour la détox numérique

Médias, réseaux sociaux, discussions entre amis… de nouvelles informations sur ce coronavirus nous parviennent au quotidien.On parle d’infodémie, c’est-à-dire la multiplication d’informations parfois déformées, confuses, contradictoires et surtout anxiogènes.  

S’il est important de rester informé des mesures de précaution à respecter, une chose est sûre, parcourir les réseaux sociaux ou internet 24h sur 24 ne vous apportera rien de bon.

Conclusion : autorisez-vous à lâcher votre smartphone et limitez-vous à quelques sources d’information fiables pour éviter la peur engendrée par certaines fake news. 

Identifiez votre peur pour mieux l’appréhender

La clé pour réduire vos angoisses, c’est de les nommer pour en prendre conscience. “La peur est une émotion naturelle. Elle sert à nous alerter en cas de danger et peut nous encourager à prendre des décisions positives, mais elle ne doit pas nous paralyser”, indique Christine Barois. “Misez sur la métacognition, autrement dit le fait de prendre du recul sur ses propres pensées et ressentis pour conscientiser sa peur”, conseille-t-elle. Accordez-vous le temps nécessaire : prenez le temps de noter vos pensées ou d’en discuter avec des proches, plutôt que d’essayer de régler un problème pour lequel vous n’avez pas la solution.

Feuilles vertes ma chère secrétaire

Méditez pour vous recentrer sur l’essentiel

“Pratiquer la méditation de pleine conscience permet de retrouver son calme dans des situations stressantes, mais également de prendre des décisions plus éclairées, indique la psychiatre. Lorsque les angoisses vous assaillent, concentrez-vous sur votre respiration pour vous recentrez sur vous-même, sur l’ici et maintenant”, conseille-t-elle. Ainsi, la méditation vous permettra d’apprivoiser et d’apaiser votre anxiété. 

Veillez à maintenir vos activités et votre routine quotidienne dans la mesure du possible pour détourner votre attention des pensées anxiogènes. Par-dessus tout, “focalisez-vous sur ce que vous pouvez contrôler“, insiste Christine Barois. Appliquez les gestes barrières pour vous protéger des infections : lavez-vous fréquemment les mains, utilisez du gel hydro-alcoolique, éternuez ou toussez dans votre coude, évitez de vous toucher le visage (le nez, les yeux ou la bouche sont des portes d’entrées possibles du virus) et utilisez des mouchoirs à usage unique. “Il vous appartient de prendre des dispositions personnelles, telles que le lavage régulier des mains ou la surveillance des symptômes éventuels”, conclut la psychiatre.

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